|
Permission
moisson
Serge Martina
|
|
En 1959, à l'heure des
moissons sous le soleil de Provence, au pied de la montagne
de Lure, chère à Giono, la famille Pittas
traverse une période de turbulences dont elle pourrait
ne pas sortir indemne.
Darius Pittas, immigré de la deuxième génération,
symbole vivant d'une intégration réussie,
trop jeune pour être mobilisé en 14 et trop
vieux pour l'être en 39, convaincu que le Général
De Gaulle détient la vérité, s'est
battu avec le Maquis du Plan d'Aups.
Darius et Mathilde Pittas ont cinq enfants, dont trois
grands fils : Mathieu, qui a fait son service militaire
au Maroc, Jacques, qui effectue le sien en Grande Kabylie
- il vient d'obtenir la Permission Moisson octroyée
aux Appelés des zones rurales -, et Jean, étudiant
en Architecture à Paris, dont les idées
sont diamétralement opposées à celles
de son père.
Darius ne peut comprendre pourquoi, à la gloire
de défendre la France de Dunkerque à Tamanrasset,
comme dit le Général, qui a accueilli sa
famille, l'a nourrie et la nourrit encore, son fils Jean
préfère le déshonneur de la prison
pour insoumission à un service armé en Algérie.
Après le décès de Jacques, mort au
champ d'honneur dans les montagnes de Kabylie, le pater
familias se noie dans une mer de culpabilités,
mais, aiguillonné par les femmes de la Bastide,
il finit par se remettre à flot et admettre que
Jean n'avait peut-être pas tort. D'autant plus qu'après
avoir crié haut et fort : Je vous ai compris !
le Général De Gaulle parle à présent
d'Autodétermination.
Dans ces conditions, Jacques n'est-il pas mort pour des
nèfles ?...
Pierre angulaire du roman, ce canevas est le prétexte
à mettre en scène une tranche de vie, celle
d'une famille rurale dans la tourmente de cette époque
troublée par l'envoi du Contingent pour maintenir
l'ordre en Algérie.
Presque toutes les familles de France avaient un fils,
un frère, un fiancé ou un mari sous les
drapeaux en terre algérienne. Mais qui, dans les
hautes instances gouvernementales, s'inquiétait
de savoir dans quel désarroi ces familles se trouvaient
et, surtout, quelle était la souffrance de celles
qui, par malheur, apprenaient que celui qu'elles attendaient
ne reviendrait plus.
Mais quand une famille est unie, comme celle des Pittas,
elle subit dans la dignité et, passant outre les
différences, trouve la force de surmonter les épreuves…
Et la vie continue… Elle continue dans la douleur,
mais elle continue... Un
petit Jacques vient de naître...
|